Melanie KLEIN
Psychanalyste anglaise d'origine autrichienne qui élabora des techniques thérapeutiques pour les enfants. Elle a eu une grande influence sur les méthodes modernes de soins et de pédagogie, ainsi que sur les domaines de la psychologie de l'enfant et de la psychologie du développement.
Elle reçut l'enseignement de Sandor Ferenczi et de Karl Abraham, deux proches de Sigmund Freud. En opposition avec Anna Freud, elle commença à développer ses méthodes thérapeutiques après la Première Guerre mondiale, et démontra que le jeu constitue, pour les enfants, un mode d'accès privilégié à leur univers inconscient. Dans la Psychanalyse des enfants (1932), elle démontre la formation précoce du surmoi et du conflit œdipien ainsi que leurs conséquences sur le développement de l'ego, de la sexualité infantile et des troubles psychiques. Elle utilisa la psychanalyse pour aider les enfants à se débarrasser de cette culpabilité incapacitante en dirigeant vers le thérapeute les sentiments agressifs et œdipiens qu'ils ne peuvent pas adresser à leurs parents.
Ses recherches, centrées sur les conflits précoces survenant dans la relation mère / enfant, l'amènent à distinguer deux moments dans la première année de la vie, caractérisés chacun par une " relation d'objet " particulière (c'est-à-dire une façon d'appréhender l'" objet " et de se situer par rapport à lui).
Le premier de ces moments, dit " position schizo-paranoïde ", couvre les trois ou quatre premiers mois de la vie. À cette période, le nourrisson établit des relations avec un " objet partiel ", principalement le sein de la mère, sur lequel sont projetées les pulsions libidinales (instinct de vie) et les pulsions agressives, " sadiques orales ", alors particulièrement violentes. De ce fait, le sein maternel est partagé en " bon " et " mauvais " objet. Lorsqu'il procure du plaisir, il est le " bon sein aimé " et oriente la pulsion de vie à l'extérieur ; lorsqu'il ne donne pas ces satisfactions et qu'il est frustrant, il devient le " mauvais sein haï et persécuteur ", support de la pulsion agressive. Corrélativement au clivage de l'objet, il se produit un clivage du moi (un " bon moi " et un " mauvais moi "), en sorte que les aspects " bon " et " mauvais " restent séparés et que le " bon objet " ne puisse être détruit.
A la suite de cette période, vers le quatrième mois et jusqu'à la fin de la première année, une meilleure organisation des perceptions permet au bébé de mieux se situer. Sa mère est appréhendée dans sa totalité, en tant que personne distincte de lui et qui, tantôt présente, tantôt absente, établit des relations avec d'autres individus. C'est alors que s'instaure la position dépressive dont le point culminant est atteint vers le sixième mois. À l'" objet total " se rapportent, désormais, les pulsions libidinales et les pulsions destructrices. C'est le même " Objet ", la mère, qui est à la fois aimé et haï. L'enfant fait l'expérience de l'ambivalence, génératrice de culpabilité. De là naissent des formations réactionnelles telles que le désir de réparer les dommages qu'il lui cause dans ses fantasmes ; les mécanismes de projection s'atténuent tandis que ceux de l'introjection s'intensifient. Conjointement, le moi, cessant de se fragmenter en composantes " bonnes " et " mauvaises ", tend vers une meilleure intégration. La position dépressive est surmontée lorsque le " bon objet " est introjecté d'une manière stable et durable.
Pour Klein, ni la première ni la seconde des deux phases qui culminent dans la prime enfance ne sont jamais définitivement abandonnées, et chaque personne, tout au long de sa vie, peut régresser vers l'une ou l'autre de ces positions. À la plus archaïque, celle où dominent le clivage de l'objet et celui du moi et où les mécanismes de défense sont, essentiellement, la projection et l'introjection, correspondrait une structure psychotique que l'on retrouverait chez l'adulte schizophrène et chez le paranoïaque. À la seconde, où le moi est unifié et où les mécanismes de défense sont surtout les formations réactionnelles, l'isolation, etc., correspondraient des processus psychiques que l'on retrouve notamment dans le deuil et les états dépressifs.
Par ailleurs, il faut noter que M. Klein fait remonter le complexe d'œdipe à cette seconde phase (la " position dépressive "), c'est à dire dès que la relation à des " personnes totales " peut s'édifier. De M. Klein, on pourra lire les ouvrages suivants : Essais de psychanalyse (1947), Développement de la psychanalyse (1952).